320 Musique (s) Du (s) Monde (s) Adultes (s)

La force la plus naturelle est issue de ces quatre éléments : la terre, l'eau, l'air et le feu. Ces quatre forces fusionnent l'art et la vie. Il a semblé nécessaire à Emel Mathlouthi pour ce 3e album de remonter à la source, à cette part de l'Univers qu'on a trop peu considérée. C'est dans la nature qu'Emel a retrouvé la flamme de son combat ainsi que les armes pour le mener à bien. à la fois théâtre victime de notre débâcle et puissance menaçante, la nature et ses attributs mythiques ont inspiré cet opus qui invite à l'union, le recueillement et à l'action. Malgré des différences frappantes avec ses précédents travaux, Everywhere we looked was burning doit d'abord se comprendre dans la continuité d'Ensen (2017). Après la révolte de Kelmti Horra et le questionnement identitaire d'Ensen, ce disque s'attaque au dehors. Le même regard mélancolique et désabusé se tourne vers l'extérieur et s'adresse directement au monde grâce à une poésie écrite en langue anglaise.

Les Disques Bongo Joe et Sofa Records présentent une compilation de musiques du Maghreb, enregistrées et produites à Lyon, France, entre 1985 et 1997. Elle rassemble huit titres (plus une introduction sur la version vinyle et trois sur la version CD) édités alors sur cassette audio - et les propose pour la première fois en vinyle ! La majorité des musiciens présents dans cette compilation ont habité la région Rhône-Alpes, et animé sa vie musicale, concentrée dans le quartier de la Guillotière, dans le centre de Lyon. Epicentre des musiques populaires maghrébines de la région, c'est autour de cette place qu'une véritable scène, officieuse, alternative et dynamique est portée par une nébuleuse de musiciens, d'éditeurs, de gérants de boutiques, de restaurants et de cafés musicaux provenant de tout le Maghreb. Ces chansons, en prise avec la réalité quotidienne de l'exil et la situation d'immigré, nous parlent de séparation, de déracinement, d'amour, d'injustices sociales autant que d'actualités politiques, et se fabriquent librement, sous le signe du bricolage, de l'expérimentation, de l'emprunt et de l'opportunité commerciale.

BBE propose un album inédit et longtemps perdu du guitariste et compositeur ghanéen Ebo Taylor, enregistré en 1980. Si Fela Kuti était le roi de l'afrobeat nigérien, Ebo Taylor - toujours sur scène du haut de ses 83 ans - est le roi de la funky-highlife ghanéenne. Une grande partie de sa musique, enregistrée entre les années 70 et 80, a été rééditée pour répondre à la demande toujours grandissante de fans fraîchement convertis à ses sonorités uniques. C'est en 1980, lors d'une tournée nigérienne, que Taylor rencontre Chief Tabansi, du label Tabansi Records et enregistre un album destiné à sortir exclusivement sur Tabansi. Les bandes sont alors placées sur une étagère et oubliées pendant près de quarante ans, jusqu'au début de la série de rééditions de Tabansi, lancée par BBE. Palaver est composé de morceaux inédits, tous écrits par Taylor lui-même et enregistrés par le groupe légendaire du musicien : George Amissah, Mat Hammond, George Kennedy et George Abunuah, entre autres.

Après les acclamés Wenu wenu (2013) et Bahdeni nami (2015), puis le succès de To Syria with love en 2017 et des collaborations avec Björk et Four Tet, Omar Souleyman présente son quatrième studio. La poésie romantique de l'album est l'oeuvre de Moussa Al Mardood, un collaborateur d'Omar de longue date. Six morceaux s'offrent à nous avec l'Amour pour seul et unique thème. Tous ces morceaux sont basés sur une techno au son avant gardiste dans le genre et sur des dabkes et des styles kurdes et arabes à haute vitesse, à l'exception de Mawwal dont le rythme est traditionnellement plus lent.

L'idée de réunir des chanteuses et chanteurs d'horizons différents autour de percussions est a priori inédite dans l'histoire du disque. Conçu et réalisé par le percussionniste d'origine brésilienne Silvano Michelino, Boca de tambor est une suite de duos associant des chants dans différentes langues avec toute une variété de percussions. Des percussions allant des tablas aux tambours bata en passant par le djembé avec des chants en brésiliens bien sûr, mais aussi en créole de Guinée-Bissau, en japonais, en hébreux, en anglais, en tsonga d'Afrique du Sud... Le mariage percussions et voix est un plongeon dans l'essence même de la musique, proche des toutes premières expressions musicales de l'homme. Le choix des morceaux ainsi que les arrangements ont pris le parti pris de l'ouverture, s'éloignant délibérément du folklore pour une proposition novatrice et un résultat original et surtout de toute beauté.

Faut-il chercher le message dans la photo de la pochette de ce huitième enregistrement studio de Danyèl Waro ? Serait-ce l'illustration de la maxime qui dit que tenter de comprendre l'âme humaine, c'est comme essayer de vider la mer avec un seau ? Enregistré au studio Oasis, un studio mythique de la Réunion tombé un peu en sommeil, la console a été dépoussiérée pour les sessions. Le maloya puissant de Danyèl Waro a pu alors résonner avec toute sa force. Accompagné et soutenu par les choeurs de son nouveau quartet (Mickaël Talpot au rouler, Bino Waro, son jeune fils, au sati-piker, Gilles Lauret au triangle et à la basse et le vieux compagnon Laurent Dalleau aux congas), Danyèl livre ici un album qui revient à l'essentiel : hommages aux hommes qui comptent pour lui (Dédé Lansor, Daniel Singaïny, Georges Brassens dont le Je me suis fait tout petit est adapté en créole), conte écologique (Tizan), rencontres (Sentier des Lauzes), écho ironique et mordant au quotidien (Babilonn, Kayanm, Dann Wi).