214 Classique (s) Adultes (s)

Debussy et Poulenc ont marqué durablement l'identité musicale de leur pays, autant par leurs références au passé que par leurs innovations. Ce programme illustre leur vision d'un certain esprit français : oscillant entre ironie et émotion, tout de raffinement, mais entretenant un écho magnifié des musiques faciles de cabaret - bref, cette "exquise mauvaise musique" dont se targuait le créateur des Mamelles de Tirésias. Le parcours de ces deux interprètes de la jeune génération française, déjà plusieurs fois partenaires d'enregistrement, les a amenés tout naturellement à se retrouver autour de ce répertoire.

Christina Pluhar a concocté là un programme explosif sur les rythmes endiablés de musiques latino-américaines, avec les voix envoûtantes de Philippe Jaroussky, Lucilla Galeazzi, Vincenzo Capezzuto, Raquel Andueza et Luciana Mancini, qui explorent les plus beaux chants traditionnels du Paraguay, du Chili, du Venezuela et de l'Argentine, sur fond de luth, psaltérion, guitare et harpe baroques, cuatro, charango et maracas, associés ici pour nous livrer des couleurs inédites.

Un an après le succès de Los pájaros perdidos, Christina Pluhar passe de l'Amérique du Sud au bassin méditerranéen. Vous naviguerez du Portugal à la Turquie, aux abords des côtes espagnoles, catalanes, grecques et italiennes, bercé par les vagues et le dialogue enchanteur des instruments à cordes pincées de la tradition méditerranéenne (qanun, saz, lyra et lavta grecques, guitare portugaise... ) avec les cordes baroques de l'Arpeggiata.

En 2011, Leonardo GarcÂia AlarcÂon avait fait connaître Michelangelo Falvetti avec l'enregistrement très remarqué d'Il Diluvio Universale. Deux années plus tard, il retrouve ce grand compositeur grâce à la redécouverte d'un de ses précieux manuscrits à la bibliothèque de Naples : le Dialogo del Nabucco qui évoque la manière dont trois jeunes gens qui avaient refusé d'adorer la statue que Nabucco avait érigée à son image, sont précipités dans une fournaise et sauvés. A travers cet oratorio très lyrique, aux airs lancinants et choeurs colorés, Falvetti devient le porte-voix d'une résistance face au Vice-Roi d'Espagne.

Lorsque Lalande quitte cette vallée de larmes, sa notoriété est à son apogée ; entre 1725 et 1730, il a été le musicien le plus programmé à Paris. On se presse pour entendre ses motets, notamment les trois Leçons de Ténèbres et le Miserere à voix seule destinés aux offices de la Semaine sainte. De nombreux compositeurs avaient déjà proposé leur vision des Leçons dans la France du Roi soleil, faisant de l'Office de Ténèbres un véritable événement mondain. Fidèle à cette esthétique, Lalande saura exploiter cet art de l'ambiguïté, tout en se détournant de la tradition.

Chants d'oiseaux et autres chants transcrits pour petit choeur par le grand maître de la chanson polyphonique de la Renaissance.

L'Association Ninon Vallin-Le Chant du Monde, sous son label Ninon Vallin, présente un CD rarissime consacré à la cantatrice qui fut la voix française la plus connue et reconnue de la première moitié du XXème siècle. Cette compilation de 25 morceaux nous permet de couvrir la très longue carrière de la cantatrice avec des enregistrements de 1921 à 1959 (dont un inédit où la soprano interprète, à 73 ans et avec une voix intacte, la mort de Manon de Massenet). Enfin, et c'est l'événement de cette édition, nous y découvrons, en première mondiale, trois extraits des plus célèbres opéras de Glück, enregistrements considérés comme perdus depuis 1935 ! Ce disque a obtenu un Choc Classica en avril 2013.

Pendant 20 ans (de 1663 à 1683), Henry du Mont a dirigé la Musique de la Chapelle du Roi Soleil ; il élabora pour la messe quotidienne du souverain un nouveau répertoire musical constitué de motets à grand choeur et de pièces plus intimes pour voix solistes. Les premiers visaient à transposer "à l'ordinaire" le format des grandes fresques conçues pour des cérémonies extraordinaires. C'est à ces "grands motets" que Sébastien Daucé consacre une lecture renouvelée qui, tout en reliant particularités musicales et données historiques, en révèle toutes les beautés jusque dans leurs moindres détails !

Si elle est l'une des plus grandes voix de notre temps, elle le doit en partie à ses projets éclectiques, hors des sentiers battus et à succès - tels les Love songs avec Brad Mehldau (2010) ou Douce France (2013) - dans lesquels elle unifie les répertoires classique et pop au sein d'une esthétique musicale et vocale unique. Dans So many things, Anne Sofie von Otter et le quatuor américain Brooklyn Rider, pionnier des répertoires contemporains, rendent un vibrant hommage au songbook anglo-saxon : des arrangements de chansons phares de Sting, Kate Bush, Elvis Costello, Björk ou Rufus Wainwright côtoient des compositions originales de Nico Muhly, John Adams, Caroline Shaw et Colin Jacobsen.

Après le succès de For ever fortune, musique ancienne d'Écosse, François Lazarevitch poursuit son exploration des répertoires dits "celtiques" avec un programme consacré à la musique irlandaise ancienne. Ce répertoire d'airs anciens des 17ème et 18ème siècles est constitué de danses, de chants en gaélique et de pièces instrumentales variées : ils racontent des histoires de guerres, d'amour, de boisson et de tabac, d'enfants, de bardes... Grand spécialiste des flûtes et cornemuses, François Lazarevitch nous ouvre de nouveaux horizons de couleurs et de sons. Il s'entoure pour cela de grands interprètes des musiques anciennes (dont le violoniste baroque et fiddler David Greenberg) et invite le ténor américain Robert Getchell, très crédible en chanteur renouant avec ses racines.

2017 marquera les 250 ans de la mort de Georg Philipp Telemann, un des plus prolifiques compositeurs de l'époque baroque. Giovanni Antonini et le Giardino Armonico ont ainsi voulu rendre hommage à l'écriture éclectique de Telemann avec ce programme qui mêle des oeuvres évoluant sans cesse entre traditions stylistiques françaises et italiennes. Dans ce disque, Giovanni Antonini, en plus d'être à la direction d'orchestre, renoue avec la flûte à bec, son instrument de prédilection - qui était également celui du compositeur - et interprète la Suite en la mineur ainsi que le Concerto en do majeur et le Concerto da camera en sol mineur. On découvre également la curiosité d'une Sonate pour chalumeaux, instruments d'origine populaire qui peuvent se comparer à la clarinette et pour lesquels le compositeur fut le premier à manifester de l'intérêt.